Les jouets

L’avertissement « tenir hors de la portée des enfants » se retrouve sur bien des étiquettes de produits d’usage courant afin de protéger les tout-petits des dangers d’empoisonnement ou de blessure. Devrait-on aussi accoler cet avis à certains jouets ?

Si on en croit le nombre de rappels en raison d’un taux de plomb élevé et les nouvelles lois en application aux États-Unis et en Europe, il y a lieu de s’inquiéter. Les principales préoccupations viennent de la présence de plomb et de phtalates dans les jouets.

Le plomb
Le plomb est un métal toxique dont les graves effets sur le cerveau et le système nerveux sont connus depuis longtemps. Depuis quelques années, il est aussi classé parmi les substances cancérigènes et les perturbateurs endocriniens. Malgré cela, on en retrouve dans des objets destinés aux nourrissons et aux jeunes enfants.

Dans les jouets, le plomb est surtout présent dans les pigments qui donnent leur couleur aux peintures et aux plastiques. Les États-Unis ont adopté en 2009 une nouvelle loi qui resserre considérablement la limite de la teneur en plomb dans les articles destinés aux enfants. Cette loi fait passer la limite de 600 ppm à 100 ppm. L’American Academy of Pediatrics suggère pour sa part que le taux de plomb ne devrait pas dépasser 40 ppm.

Au Canada, la loi sur le taux de plomb dans les jouets traite différemment leurs matériaux de base (le plastique dont est fait un jouet, par exemple) et la peinture de finition. Seules les peintures doivent respecter des limites de taux de plomb.

Santé Canada prétend que le plomb intégré au plastique ne constitue pas un danger. Les peintures sont plus susceptibles de s’écailler et d’être ingérées par les enfants, c’est pourquoi elles ne doivent pas dépasser 600 ppm.

Santé Canada souhaite néanmoins faire adopter de nouvelles normes qui engloberaient les constituants et les peintures des jouets et articles pour enfants, et qui en limiteraient le taux de plomb à 90 ppm. Fait à noter, au Canada, les fabricants ne sont pas tenus de déclarer les articles qui ont présenté des taux de plomb trop élevés au cours de leurs tests.

Pour éviter l’exposition au plomb, on recommande d’éviter d’acheter des bijoux bon marché pour les enfants. Leur peinture et éléments d’ornement sont plus susceptibles de contenir du plomb et de s’écailler facilement. De plus, les jouets dont la peinture est abîmée devraient être mis au rancart.

Enfin, la revue Protégez-vous (Stéphan Dussault, Plomb : les taux se resserrent, Protégez-vous, Octobre 2007) rapporte que « les cas les plus aigus d’intoxication au plomb recensés par le Dr Dominic Chalut, pédiatre et consultant en toxicologie à l’Hôpital de Montréal pour enfants, sont causés par des produits rapportés de pays où les normes sanitaires sont moins strictes. » Les achats faits à l’étranger sont donc à surveiller.

Les phtalates
Pour agrémenter l’heure du bain, les canards en vinyle sont de grands classiques. Ils sont mignons et leur texture souple les rend inoffensifs durant le jeu. Mais la plupart des jouets faits de vinyle (ou PVC) contiennent des phtalates dans une forte concentration. Le Canada tarde à réglementer cette substance pourtant bannie des jouets et articles pour enfants tant en Europe qu’aux États-Unis.

Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens. Ils sont associés à un mauvais développement des organes génitaux, à l’infertilité, au cancer, le tout à des doses extrêmement faibles. Les enfants y sont particulièrement vulnérables et y sont exposés par l’intermédiaire des plastiques, des produits de soins ou encore des produits parfumés. Leurs élans pour mâchouiller les objets, dont ceux faits de PVC, contribuent à leur exposition.

Depuis 2005, l’Union Européenne a réglementé la présence de phtalates dans les jouets. La limite fixée pour tout article destiné aux enfants de moins de trois ans est de 0,1 % pour les phtalates, dont la toxicité est la mieux connue (DEHP, DBP, BBP, DINP, DnOP et DIDP).

À titre de comparaison, des tests effectués par Santé Canada en 2007 révélaient que plus des trois quarts des jouets de PVC vendus au Canada contenaient des phtalates, à des concentrations allant de 0,2 à 39,9 % du poids total du jouet.

En 2009, les États-Unis ont adopté une nouvelle loi sur les phtalates dans les articles pour enfants similaire à la loi européenne. On s’inquiète que le Canada devienne le territoire où les commerçants écouleraient les jouets qui ne répondent pas aux normes en Europe et chez nos voisins du sud, puisque nos lois sont moins restrictives.

Bref, mieux vaut éviter les jouets de vinyle et oublier le canard de caoutchouc. Des solutions de rechange sans produits toxiques apparaissent sur le marché et certaines grandes surfaces souhaitent bannir les jouets contenant des phtalates. Mais comme la composition des jouets n’est pas rendue publique par les fabricants, on peut se questionner sur les contrôles que celles-ci peuvent réellement faire.

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© Lise Parent, 2009