Objets de l’épistémologie
L’épistémologie est une discipline philosophique qui a de nombreux objets:
Objets du cours
Les domaines couverts par l’épistémologie témoignent de l’importance qu’ont les sciences non seulement en philosophie, mais aussi dans la vie de tous les jours. En effet, les derniers siècles ayant vu se succéder les découvertes scientifiques et se développer les secteurs de la recherche scientifique, les sciences et les techniques ont complètement modifié notre rapport au monde.
Qu’on y réfléchisse: une personne née au début du vingtième siècle aura vu les premiers avions voler alors que la plupart des gens étaient sceptiques, voire incrédules, quant à la possibilité que l’homme puisse échapper à la gravité; cette personne aura connu deux grandes guerres mondiales nourries par des technologies de plus en plus sophistiquées et par le recours à l’utilisation des populations civiles en tant que cibles d’attaques dissuasives; elle aura assisté à la maîtrise de l’énergie nucléaire en temps de guerre et en temps de paix; elle aura vu les images des hommes marchant sur la lune; vu apparaître des machines à calculer et à communiquer prendre de plus en plus de place dans le quotidien; elle aura utilisé des téléphones à manivelle, des téléphones munis d’une roulette et ensuite d’autres à boutons; elle aura passé son enfance à lire, puis à écouter la radio, et parvenue à l’âge adulte, elle aura regardé la télévision; elle y aura vu des sondes partir en direction de Mars et en émettre des images étonnantes; elle aura connu tant et tant de bouleversements - scientifiques et techniques autant que sociaux, économiques et politiques-, que souhaiter en dresser la liste exhaustive participerait d’une ambition absolument irréfléchie.
Ce cours a pour objet l’épistémologie et la philosophie des sciences du début du vingtième siècle à aujourd’hui. Cette période est féconde en théories et en réflexions philosophiques et épistémologiques, parce que les sciences y ont été nombreuses et ont connu énormément de succès et d’applications diverses (qui ne sont pas toutes moralement légitimes, loin s’en faut).
Objectifs particuliers
Le cours se divise en cinq modules dont le dernier est entièrement consacré à la philosophie et à l’épistémologie des technologies de l’information ou à celles qui en sont issues.
Voici une brève description des objectifs particuliers qu’ils visent:
a) Connaître les grandes périodes de l’histoire des sciences depuis le début du vingtième siècle;
b) Connaître les concepts et les méthodes de l’épistémologie contemporaine, ses objets, ses méthodes; distinguer entre « philosophie des sciences », « épistémologie des sciences (sociales humaines, naturelles, formelles) », et « théorie des sciences ».
a) Connaître les grandes figures emblématiques de la philosophie des sciences et de l’épistémologie en France avec Bachelard, Poincaré et Granger; en Angleterre, avec Russell, Popper, le falsificationnisme et ses critiques; Allemagne avec la théorie critique, Adorno et Horkheimer; Autriche: Schlick et le Cercle de Vienne;
b) Connaître les principales thèses de chaque penseur et des thèses d’école défendues par leurs théories respectives de la science.
a) Connaître les grandes figures de l’approche socio-historique des sciences: Foucault et le structuralisme, Khun et le sociologisme, Latour et la posture postmoderniste;
b) Connaître les thèses et les arguments avancés par les auteurs recensés, ainsi que la place réservée à la sociohistoire des sciences dans l’épistémologie.
a) Connaître les grandes problématiques de l’épistémologie computationnelle et cognitiviste;
b) Comprendre les enjeux tant philosophiques que sociaux des thèses soutenues par les penseurs identifiés au corpus étudié.
a) Connaître les thèses et les principes sous-jacents à la technocience: Heidegger, Habermas, Sayre; interpréter les limites des techniques sur le développement des connaissances scientifiques: Granger, Bunge; les enjeux éthiques et sociaux des sciences et des techniques;
b) Savoir identifier les enjeux épistémologiques, moraux et éthiques des sciences et des techniques.
Méthode d’étude
Pour étudier adéquatement la matière du cours, vous devrez adopter une méthode simple: lire des textes, prendre des notes, en faire la synthèse partielle ou intégrale selon le cas. Une méthode simple mais qui demande néanmoins de l’effort et une discipline soutenue. Car la philosophie est composée de connaissances écrites, des connaissances qui sont accessibles dans des textes. La philosophie, en ce sens, ne peut pas apparaître spontanément à l’esprit non cultivé — et ce disant, je ne cherche aucunement à déprécier ce que l’on appelle la "sagesse populaire", mais celle-ci, sans être dénuée toujours de justesse, n’en est pas pour autant une philosophie au sens propre du terme. Pour apprendre et comprendre la philosophie, il faut lire des textes (Socrate croyait fermement le contraire, étant en butte à la modernité de son époque qui voyait se développer l’écriture en tant que moyen de diffusion des idées, et disparaître la tradition de l’oralité et la grande valeur accordée à la mémoire des contes, légendes, et de la poésie; ce qui explique pourquoi il n’a laissé aucun texte à sa postérité et que nous n’en connaissions la pensée que grâce à Platon son élève).
Donc, vous devrez lire des textes. Ils sont nombreux dans ce cours. Chaque leçon en compte entre deux et quatre. Mais vous serez accompagné(e) dans vos lectures par deux guides:
En résumé, votre succès repose sur l’application d’une méthode simple et rigoureuse, et sur une discipline de travail adéquate.
Soyez de plus avisé(e) que chaque leçon vous demandera de consacrer environ de quatre à neuf heures à l’étude des textes et à la préparation de vos travaux notés. Ce qui est conforme aux règlements d’études en vigueur.
À qui s’adresse ce cours?
Il n’est pas nécessaire de posséder une formation en philosophie pour suivre et réussir ce cours. Il s’agit d’un cours d’introduction à l’épistémologie des sciences et des techniques.
Il s’adresse aux étudiantes et étudiants de toute provenance disciplinaire, de premier cycle ou des cycles supérieurs.
Mais j’y ai nécessairement adopté un point de vue particulier: sans y donner vraiment de formation en histoire de la philosophie des sciences, le cours suit un sentier découpé sur l’histoire du développement de quelques idées en épistémologie contemporaine, qui va de l’idée de la mathématisation des théories scientifiques à l’usage des modèles de la computationnalité des machines ou des humains. Ce n’est pas un cours de mathématiques, cela dit. Par contre, vous y verrez se développer une réflexion philosophique à laquelle plusieurs philosophes ont contribué, et nombreux sont ceux à qui je n’ai malheureusement pu accorder de place dans ce cours, faute d’espace.
Nous traverserons le vingtième siècle philosophique, en suivant les pas de quelques figures éminentes de l’épistémologie et de la philosophie des sciences, et nous nous rendrons jusqu’à aujourd’hui en observant comment les questions philosophiques adressées aux sciences se sont transformées, en modifiant du coup la manière de comprendre la réalité que les sciences cherchent à expliquer.