Blogues


3.4 Technologie

3.4.1 Les fonctions de base

Bien qu’il soit possible de tenir un blogue « à l’ancienne » en créant soi-même des pages, la très vaste majorité des blogues sont rédigés à l’aide d’un logiciel conçu exprès à cette fin, qui rend le travail de publication pratiquement aussi simple que l’usage d’un traitement de texte.

La technologie qui supporte les blogues est à la base relativement simple. Typiquement, un serveur web offre à l’utilisateur une interface accessible via un fureteur et protégée par un mot de passe qui lui permet de rédiger des billets. Lorsqu’un billet est prêt, il suffit d’appuyer sur un bouton « publier » pour que le billet soit ajouté en tête de file sur la page d’accueil du blogue, le plus souvent accompagné de son titre, de l’identité de son auteur, et de la date de publication. Chaque billet est également placé dans une archive et se voit attribuer un permalien (une adresse permanente).

Lorsqu’il affiche un billet, le serveur de blogue permet également aux visiteurs de commenter au moyen d’un formulaire où ils fournissent leur nom, leur adresse de courriel et l’URL de leur propre site ou blogue.

Toutes les données du blogue sont stockées dans une base de données qui s’exécute normalement sur le serveur.

Il existe deux variantes principales de systèmes de blogues : ceux qui sont centralisés (hosted) et ceux qui sont décentralisés (non-hosted). Dans les systèmes centralisés, généralement gérés par une entreprise, un seul serveur ou une grappe de serveurs à une adresse donnée gère tous les blogues des utilisateurs. Typepad est un exemple de système centralisé.

Les systèmes décentralisés sont en fait des logiciels qu’une personne peut installer sur son propre serveur pour faire rouler son blogue à partir de là. Le logiciel libre WordPress est un exemple populaire.

Certains systèmes sont hybrides. Par exemple, Blogger offre une interface d’édition de blogue, mais permet la publication du blogue sur un autre site via le protocole FTP [1].

L’un des avantages des systèmes centralisés est que, si l’entreprise qui les gère fait bien son travail, les problèmes techniques qui peuvent survenir sont résolus assez rapidement. L’un des avantages du mode décentralisé est une liberté plus grande en ce qui a trait aux contenus publiés (pas de règles particulières) et au code qui fait rouler le blogue, que l’utilisateur est libre de manipuler à sa guise et quelquefois de redistribuer.

3.4.1 Les fonctions plus sophistiquées

Au-delà des fonctions de base, plusieurs logiciels de blogue fournissent des possibilités à l’utilisateur. En voici un survol.

La mise en page

Il s’agit d’une interface permettant à l’utilisateur de modifier la mise en page de son blogue, soit en changeant les couleurs, soit en choisissant un modèle prédéfini (template) parmi une liste, soit en modifiant directement le code HTML et CSS.

La gestion de fichiers et d’images

Il s’agit d’une fonctionnalité permettant à l’utilisateur de télécharger des fichiers et des images vers le serveur, qui seront rendus disponibles à une URL dans le domaine du blogue et vers lesquels il sera possible de faire des liens.

Les catégories et les étiquettes

Nous avons vu au module 2 l’utilité des catégories et des étiquettes pour l’organisation des contenus. Plusieurs outils de blogues permettent de tels modes de catégorisation des billets et indexent les contenus sur la base de ces métadonnées.

La recherche interne

Plusieurs blogues permettent de faire une recherche dans la base de données. D’autres se contentent d’offrir une recherche Google à l’intérieur du site.

Les moteurs de recherche tâchent bien sûr d’indexer tous les sites publics, mais entretiennent avec les blogues une relation symbiotique. Ces moteurs indexent les blogues, leur permettant d’être trouvés ; en retour, les blogues leur fournissent du contenu souvent très à jour et ils regorgent de liens dont raffolent les moteurs de recherche puisqu’ils leur aident à jauger l’intérêt des pages web. C’est pourquoi les moteurs de recherche font des visites fréquentes aux blogues qui sont mis à jour régulièrement.

Les rétroliens

Certains outils de blogue offrent une fonctionnalité appelée Linkback qui permet à un blogue de recevoir des signaux en provenance d’autres blogues indiquant qu’ils ont publié un lien vers lui. Le système peut afficher à la suite de chaque billet la liste des rétroliens (ou liens entrants) repérés de cette façon. En fait, ces mécanismes fournissent une façon de commenter sur un site, non pas en utilisant un formulaire de commentaire, mais en répondant sur son propre blogue.

Les fils web

Il s’agit pour l’outil de publier un fil web, en format Atom ou RSS, contenant un certain nombre des billets les plus récents avec leurs permaliens. Quelquefois le contenu entier des billets est présent, et d’autres fois seul un paragraphe teaser est présent dans le fil pour inciter le lecteur à cliquer et à poursuivre sa lecture sur le site.

Les fils web facilitent également la republication des titres ou du contenu d’un blogue sur d’autres sites.

(Rappelons que nous avons vu au module 1 le fonctionnement des fils web.)

La gestion du spam

Avec la croissance de l’attention dévouée aux blogues, il est devenu fréquent de voir des gens commenter non pas pour participer à la conversation, mais pour promouvoir un produit ou un site, souvent en plaçant des liens. Ces commentaires ne sont généralement pas les bienvenus. Du point de vue du blogueur, c’est un peu comme si un colporteur s’introduisait dans sa maison en pleine réception sans y avoir été invité.

Le problème du spam n’est pas limité aux commentaires. Il existe des blogues entiers qui sont produits par des générateurs de spam. On les appelle les splogues, splogs ou spamblogs. Ceux-ci peuvent générer des rétroliens à saveur douteuse sur des blogues légitimes. Certains produits sont conçus pour permettre la création massive de blogues qui peuvent être peuplés automatiquement en combinant le contenu de fils web et des liens choisis par le spammeur.

Lisez l’article de Wikipedia sur les splogs avant de poursuivre votre étude de ce module.

Les solutions au problème du spam sur les blogues sont diverses et pourraient presque faire en elles-mêmes l’objet d’un cours. Nous n’en citerons que quelques-unes : l’élimination de la section de commentaires, le filtrage sélectif des commentaires par une liste noire (individuelle ou partagée) de commentateurs, l’enregistrement obligatoire des commentateurs, les CAPTCHAS, la directive nofollow, et la modération (publication des commentaires conditionnelle à l’approbation du blogueur).

Comme vous le voyez, il se joue sur le web une perpétuelle « guerre de l’attention » et les zones des sites qui sont ouvertes à la contribution des visiteurs en sont un champ de bataille important. Nous y reviendrons plus loin.

3.4.2 L’extensibilité de l’architecture

Plusieurs systèmes de blogues sont constitués d’un noyau autour duquel peuvent se greffer des ajouts qui en rehaussent la fonctionnalité. On distingue plusieurs modes d’extension tels les API, les plugins et les widgets.

Les API

Une API ou Application Programming Interface est un ensemble de fonctions, de procédures ou de classes d’un logiciel qui sont mises à la disposition d’autres programmes. Le fait d’offrir une API sur le web ouvre la porte à l’apparition d’un écosystème de logiciels développés de façon relativement autonome qui peuvent rapidement enrichir les possibilités offertes aux utilisateurs.

Plusieurs systèmes de blogues offrent des API qui exposent différentes fonctionnalités à d’autres programmes. La fonctionnalité la plus couramment offerte est la « Posting API », qui permet par exemple d’utiliser une panoplie d’outils créés par des tiers pour écrire dans un blogue sur MSN Spaces ou sur d’autres systèmes de blogues. Les trois API de ce type les plus répandues sont l’API Blogger, l’API MetaWeblog, et l’API Atom.

La combinaison HTTP, javascript et fureteur peut faire elle-même office d’API. Un exemple de ceci est la bookmarklet Blogger, qui utilise une requête HTTP pour ouvrir une fenêtre qui permet de partager un lien et un extrait sur un blogue très rapidement (essayez-la si vous avez un blogue Blogger.)

On peut élargir l’interface d’un système de blogue autrement qu’avec une API. Par exemple, la fonctionnalité courriel-vers-blogue est offerte dans plusieurs outils. Une adresse de courriel de réception est reliée à l’outil blogue, qui transforme automatiquement les courriels entrants en billets de blogue, ce qui permet d’écrire dans le blogue sans passer par l’interface web.

Les plugins

Les plugins ou plugiciels viennent apporter de nouvelles fonctionnalités au logiciel de blogue, qui joue le rôle de noyau auquel ils viennent se greffer. Les plugins permettent à des développeurs sans lien avec les créateurs du logiciel de blogue de contribuer à son développement. Ils permettent donc des utilisations imprévues au départ du logiciel de blogue et lui donnent de la flexibilité. Ils ont aussi l’avantage de réduire la taille de l’application-noyau.

Les plugins se distinguent en ce que (1) ils sont spécifiques à une application de blogue particulière ; et (2) ils sont conçus pour s’exécuter sur la même machine. Un exemple typique de plugin est ce calendrier d’événements pour WordPress, qui permet de gérer un calendrier sophistiqué en marge d’un blogue maintenu avec cet outil.

Les widgets

Les widgets sont des fonctionnalités que l’on peut intégrer dans un site à l’aide d’un simple copier-coller de bouts de code. Le code en question fait appel à un autre site pour produire un affichage dynamique. Les widgets fonctionnent indépendamment du logiciel de blogue et ne requièrent pas d’API ou d’accommodation particulière de sa part. Ils peuvent cependant faire appel au contexte du blogue. Deux exemples de widgets contextuels sont le widget du service de statistiques de fréquentation Google Analytics et celui de MyBlogLog, qui collectent et (dans le second cas) affichent sur le blogue des informations qui lui sont très spécifiques.

Comme avec n’importe quel code que l’on réutilise, lorsque l’on a recours à un widget, il faut faire confiance au code qui le fait fonctionner. La particularité des widgets est que le code en question réside sur un autre site et est hors de votre contrôle. Il peut être changé à l’autre bout sans prévenir. Une défaillance du serveur du widget se répercute sur votre page. La prudence est donc de mise.

[1Cette option n’est cependant pas recommandée - voir ce billet.