Bienvenue au cours Économie et gestion du développement durable (ENV 3026), qui s’inscrit dans le certificat en sciences de l’environnement de la TÉLUQ.
Plus que jamais, l’économie est un aspect primordial de la gestion de l’environnement et du développement durable. Il s’agit d’un champ qui a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. Le sujet se décline sous plusieurs aspects : économie de l’environnement, économie écologique, valeur des écosystèmes et coût de la dégradation environnementale, gestion économique de l’environnement à l’échelle nationale et internationale, etc.
Les domaines de l’environnement et de l’économie sont souvent perçus par le public comme antagonistes, voir irréconciliables. Cette perception résulte d’une méconnaissance du domaine de l’économie de l’environnement, et de manière plus fondamentale, d’une vision réductrice de l’économie. En vérité, il est important d’intégrer l’économie à l’environnement, et tout aussi important d’intégrer l’environnement à l’économie. Ainsi, le fondement de l’économie, au sens large, repose sur l’existence d’un environnement apte à fournir les services essentiels à la survie et à l’épanouissement de l’espèce humaine. La dégradation de l’environnement – pollutions, perte de biodiversité, changements climatiques, etc. – engendre donc des coûts qui, s’ils ne sont généralement pas facturés, sont bien réels et devront à court ou à long terme être assumés par la société dans son ensemble. Il est généralement plus difficile d’établir la valeur des biens et services environnementaux que pour des produits de marché. Pour ce faire, différentes techniques ont été développées par les économistes pour le faire. Une évaluation monétaire de l’environnent, au même titre que celle de la vie humaine ou de la santé, soulève des questions éthiques qui renvoient à la nature normative de l’économie comme instrument pour atteindre un objectif souhaité de répartition des biens, des richesses et du bien-être.
La nature dynamique des écosystèmes, en évolution constante, nécessite d’aborder la question de l’économie de manière non statique. L’approche de l’économie écologique répond à ce besoin et amène aussi à questionner certains postulats fondamentaux de l’économie classique. Ainsi, la notion de croissance peut être adoptée ad infinitum dans une économie théorique, mais se heurte à des limites en présences de ressources limitées, comme la capacité de production des terres agricoles ou des océans, la capacité de purification de l’air et des eaux des écosystèmes, ou encore la capacité de l’atmosphère à maintenir un climat stable. Dans ce sens, l’économie écologique se situe dans la lignée des réflexions de Malthus ou du Club de Rome, tout en se situant dans un cadre théorique différent.
L’élargissement des problèmes environnementaux à l’échelle planétaire nécessite de plus en plus une prise en compte économique. Les conséquences de la dégradation des écosystèmes et de l’environnement imposent des coûts substantiels pour les sociétés, coûts qui risquent d’atteindre des ordres de grandeurs préoccupants dans le futur, à l’image de ceux engendrés par les changements climatiques. La résolution de problématiques environnementales comme les changements climatiques nécessite de plus en plus l’utilisation d’instruments économiques. Le marché du carbone, inspiré du marché nord-américain du SO2 des années 1990, est un des marchés les plus complexes jamais mis en place.
Établir un coût pour l’environnement reste un exercice difficile. Quelle est la valeur d’une mangrove ou d’un récif de corail ? La réponse à cette question simple interpelle de nombreuses considérations, comme la valeur des services de protection contre les tempêtes ou les tsunamis qu’offrent ces écosystèmes, leur rôle dans la croissance et reproduction d’espèces aquatiques essentielle pour l’alimentation d’une bonne partie de l’humanité, dans le maintien de la biodiversité en général, de leur capacité à maintenir la qualité de l’eau et filtrer les contaminants, mais aussi leur valeur pour le tourisme côtier et de plongée, voir leur valeurs esthétiques et éthiques. La valeur marchande du corail ou du bois de mangrove est souvent négligeable comparée à tous les services directs et indirects fournis par ces écosystèmes. Les forêts, tropicales, tempérées ou boréales représentent un autre exemple où les services éco-systémiques sont souvent négligés par rapport à la valeur du bois extrait.
Ce cours s’insère dans le programme du certificat en environnement. Le cours est fondé sur l’œuvre de Tom Tietenberg et Lynne Lewis dans sa version française « Économie de l’environnement et développement durable », accompagné de textes introductifs, ainsi que d’une série télévisée comportant des entrevues avec des experts du domaine. Les travaux notés vous permettront de mettre en application les concepts abordés lors des lectures et visionnements. Le cours vise à vous permettre d’acquérir les fondements de l’économie appliquée à l’environnement et à vous montrer quelques-uns des champs d’application de cette discipline. La suite du présent document vous présentera tous ces éléments en détail.